lundi 19 mars 2012

Le plus illustre des Baillargeon dans Urbania, la plus belle revue du Québec

 Depuis deux ans je suis abonné à la revue Urbania, un trimestriel très particulier et assez extraordinaire qui développe à chaque numéro un thème. Voici la couverture du "Spécial Gros":
C'est du bon stock!
Au début de l'hiver ils ont lancé une double invitation pour le spécial Hiver qui est sorti cette semaine. Il voulait avoir des belles photos d'hiver et il voulait aussi un beau souvenir d'hiver. Je leur ai envoyé l'histoire un peu plus loin dans cet article et vous devinez quelle photo accompagnait cet envoi.

J'ai reçu aujourd'hui mon Spécial Hiver dont voici la couverture.
Vous comprenez pourquoi j'aime cette revue?

En plus devinez ce que j'ai trouvé dans l'article intitulé "T'es beau dans ton one-piece!", qui rassemble les photos d'hiver qu'ils ont choisies parmi toutes celles qu'ils ont reçues. Voyez à la deuxième page qui on trouve.

Voici le texte qui lui n'a pas été retenu, il n'en prenait qu'un. 

Au Lac

Les plus beaux samedis d’hiver quand j’étais enfant, c’était ceux où on allait au Lac avec papa.

Nous sommes au début des années 50 et mon père enseignant en campagne, en plus d’initier son village au patin à glace découvre le ski. Assez pour acheter 3 paires de ski avec bottes et bâtons dans le catalogue Eaton : une pour lui et les deux autres pour les deux plus vieux, mon frère et moi.

Le Lac quant à lui est situé à un kilomètre à travers champs derrière la maison où nous allons à pied pendant toute l’année. Le printemps et l’été pour y pêcher et s’y baigner, l’automne pour y chasser le canard et l’hiver pour patiner et faire du ski.

Un hiver la neige avait tardé mais pas le froid. C’était exceptionnel, pas un centimètre de neige dans les champs et le lac qui avait complètement gelé sans qu’il y ait eu aucun vent ce qui avait donné ma plus belle glace à vie. Un samedi matin papa décida que nous allions aller patiner au Lac. Nous étions alors 6 garçons à la suite mais le dernier étant encore trop jeune les cinq plus vieux s’habillèrent, les deux plus vieux apportèrent leurs patins et on se mit en route à pied avec un lunch préparé par maman. Il faisait très froid mais pas de vent ce qui nous aida dans la traversée de ces champs complètement plats derrière chez-nous. Arrivés sur la colline surplombant le Lac, la vue était féerique. Les champs encore complètement jaune entourait un lac d’un bleu très foncé, presque noir, c’était magique.

Transparente comme du verre nous avons mis quelques temps à nous hasarder plus loin sur cette glace. Nous avions apporté une grande hache pour vérifier l’épaisseur, ce qui ne fut pas facile. Une fois cette précaution à peu près prise, papa s'élança et nous à sa suite sur cette patinoire à perte de vue que nous avions l’habitude de sillonner beaucoup plus lentement l'été en chaland à rames. Nous avions l'impression d'être des surhommes de couvrir une pareille distance, à une telle vitesse en ayant l'impression d'être au dessus du vide. Le lac complètement entouré de petites collines nous donnait l'impressions d'une patinoire de géants. Nous allions où nous voulions excepté les deux ruisseaux, un qui alimente et l'autre qui permet l'écoulement, dont il ne fallait pas s'approcher. Cela ne nous empêcha pas d'aller au plus près pour tester un peu les limites de notre bravoure(bravade) ainsi que la résistance de cette glace qui s'amincissait jusqu'à devenir belle eau claire qui nous attirait...
La glace était si transparente que nous pouvions voir le sable au fond du lac comme en été, à tel point que nous avons suivi pendant assez longtemps un rat musqué comme derrière un aquarium. 
Au bout d’une heure ou deux de montées et de descentes à l’emporte pièce il a bien fallu ralentir et trouver d’autres activités nous permettant de nous reposer. Un d’entre nous eut une idée. On prendrait la hache et en plaçant quelqu’un à chaque extrémité du lac (environ 300 ou 400 mètres) on se la lancerait en la faisant tournoyer sur la glace. En la tenant par le manche nous nous donnions un élan que nous bloquions  comme un lanceur de marteau en athlétisme. La hache partait en tournant sur elle-même à grande vitesse sur la glace parfaite et dure avec un son dont nous nous rappelons tous. La présence de l’eau du lac sous la glace provoquait au passage de la hache un bruit caverneux, sourd mais en même temps vibrant et formidable comme les effets spéciaux des films actuels. En plus, la distance couverte était tellement formidable que seule notre fatigue et probablement la fin de la patience de papa réussirent à nous faire accepter le retour.

La marche d’un kilomètre à travers champ à la suite d’une telle journée était le couronnement, la cerise sur le gâteau. Nous avions l’impression d’avoir accompli les travaux d’Hercule, nous étions fatigués mais tellement fiers et émerveillés.

Une photo prise à cette occasion nous rappelle que nous n’avions pas rêvé.






 

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