lundi 17 janvier 2011

CINÉ ENTREPRISE, une réponse et la mienne.

Monsieur,

À titre de programmatrice du Ciné Répertoire du cinéma Odyssée, je me permet de répondre à votre courriel du  11 janvier dernier.
Loin de moi de vouloir vous donner une cours 101 sur la programmation dans les cinémas mais je crois nécessaire pour votre compréhension de vous expliquer les quelques règles régissant cette activité.

Les propriétaires de cinémas tout autant que vous auraient aimé avoir sur leurs écrans pendant la période des fêtes les films tels Le discours du roi, Le Cygne noir,Le vrai courage mais les ayants droits de ces films, c'est-à-dire les distributeurs, Alliance, Fox et Paramount en ont décidé autrement.
 Ces films ont eu une sortie très limitée avec quelques copies seulement dans la région de Montréal, appelée plate-forme pour une expansion le 14 janvier.  Si vous aviez vérifié sur internet, vous auriez pu constater que Le discours du roi est sorti le 10 décembre 2010 avec 2 copies en voa et 2 copies en vf.  En date du 14 janvier 2011, le distributeur a maintenant 45 copies au total dans les versions anglaises et françaises.  La décision de la date de sortie, du nombre de copies et des cinémas appartient aux distributeurs.  Le propriétaire de cinéma
informe le distributeur de son intérêt à jouer le film mais il appartient au distributeur d'en décider.  Plusieurs raisons motivent les choix du distributeur.  Les films qui ont eu une sortie très limitée pendant les fêtes préparent les nominations aux Oscars.

Pour votre information, je donne un cours sur l'exploitation et la distribution dans le cadre d'un bac en Stratégies de productions culturelles à l'UQAM et ces quelques explications dont je viens de vous donner font parties de ma présentation.

Je suis toujours disponible à donner les bonnes informations pour permettre une meilleure compréhension de la situation en expliquant correctement les règles
de cette industrie.  Par contre, il m'apparaît de peu d'intérêt d'aller débattre ces enjeux sur la place publique.

Veuillez croire, monsieur Baillargeon, à mes sentiments les meilleurs.

Carole Boudreault

 Chère madame,
vous êtes bien renseignée et bien intentionnée certainement quoique un peu trop soumise et fataliste à mon goût.

 Ce que vous m'expliquez en long et en large, vous pensez bien que j'en suis conscient, depuis le temps que je m'intéresse au cinéma.

 Les pratiques monopolisatrices pour ne pas dire impérialistes des "majors" comme on les appelle, ne sont pas du nouveau pour moi et j'imagine facilement les limites qu'elles imposent aux exploitants de salle au Québec.

 Par contre, je comprends beaucoup moins bien les tactiques d'agression de cette industrie contre le cinéma parallèle qui ne fait qu'essayer de combler un tout petit peu le "trou cinématographique" causé par le fonctionnement hégémonique de cette industrie complètement déconnectée de sa clientèle. 

Ça fait suffisamment longtemps que je vais au cinéma pour me rappeler que les "ciné-répertoires" des salles de cinéma privées, dont vous êtes une représentante, ne sont apparues qu'après les cinémas parallèles et dans le seul but de leur nuire la plupart du temps.

Ce n'est pas parce qu'on sait comment quelque chose fonctionne qu'on est obligé de l'accepter, surtout quand ce fonctionnement est un abus de pouvoir qui prive la population d'une distribution des films plus respectueuse des créateurs et des cinéphiles. 

Que parce qu'ils sont gros, les distributeurs (hommes d'affaires étatsuniens) aient tous les pouvoirs sur le choix complet des films qui nous sont présentés, le nombre de copies, leur date de sortie, y compris les films qui viennent d'où que ce soit, c'est une véritable invasion, un envahissement de notre culture, une perte grave de la maîtrise de cette culture.

Et cette situation doit être dénoncée le plus haut et le plus fort possible, sur la place publique et non pas en cachette. 

Votre approche du problème nous ramène à la grande noirceur et ne me donne pas tellement le goût de suivre vos cours dans "un bac en Stratégies de productions culturelles", qui comme les entreprises que vous représentez n'a que peu de préoccupations pour la clientèle culturelle.


Mario Baillargeon

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